Les Ateliers d’Aubusson misent sur le numérique pour élargir l’horizon de la tapisserie
Depuis septembre 2015, les Ateliers d’Aubusson contribuent au renouvellement de la tapisserie par l’audace et l’innovation…
Sylvain Boyer (promo 2014) et un de ses produits phares, le coussin.
La tapisserie, dire que Sylvain Boyer et Guillaume Monnoie, fondateurs des Ateliers d’Aubusson ont, petits, été emmitouflés dedans serait exagéré. Toutefois, il n’a pas fallu attendre longtemps pour que la fibre aubussonnaise se réveille chez les diplômés (promo 2014) de l’École supérieure de commerce (ESC) de Clermont-Ferrand, particulièrement chez l’enfant du pays, Sylvain Boyer.
C’est en roulant sa bosse à l’étranger, au Brésil et aux États-Unis, que Sylvain, chauvin assumé, s’est retourné vers une assise locale. L’image de la France à l’étranger, associée à un savoir faire et un savoir vivre, demeure positive… Encore faut-il l’entretenir. Et plutôt que de suivre le sens du vent et l’importation de concepts, le duo s’est dirigé vers un art séculaire qui souffre, à tort, d’une image vieillotte : la tapisserie.
« On mise beaucoup sur l’innovation », résume Sylvain qui, avec Guillaume, a d’abord articulé l’activité autour de l’international, un univers à sonder depuis Paris, une vitrine qui permet de multiplier les contacts. C’est depuis ce vaisseau amiral, qu’opère Sylvain, quand Guillaume, lui, sillonne les routes de province. En ligne de mire aussi, les salons de Francfort en août et de New-York en fin d’année. « Mais on ne peut pas espérer réinscrire la tapisserie dans l’imaginaire international sans le faire d’abord en France », concède Sylvain.
C’est ainsi que les associés comptent estomper l’image de vieillissement dont souffre la tapisserie grâce au design d’artistes contemporains, sans se couper pour autant de ses racines. L’innovation réside aussi dans le recours à un procédé d’assistance semi-mécanique associée à un module numérique qui permet aussi bien de diviser temps et coûts de production (1). « L’outil industriel, en France, ne peut pas lutter sur les prix, il le fait sur la qualité. C’est ce qu’on a fait à Thiers et à Limoges en travaillant le haut de gamme et en misant aussi sur l’innovation », constate Sylvain, à la recherche du subtil équilibre entre savoir faire et innovation. Il s’agit enfin, d’adapter le médium à l’habitat actuel en proposant coussins, paravents, plaids, canapés, « afin d’entrer facilement chez les gens. »
Le programme est ambitieux, la marque, prometteuse. Lancée en septembre, elle s’invite dans la foulée au Salon maison & objet de Paris où elle se classe dans le top innovation et rafle le prix du public grâce à la Canopée (2) de la créatrice Perrine Vigneron. Un coup de pouce taille César traduit par la rupture de stock d’un des produits phares, le coussin cerf de Damien Tinel.
« Aujourd’hui on a besoin de savoir où ce qu’on a acheté est fait. On ne travaille pas avec des gens riches mais des gens qui veulent un bout d’histoire », explique Sylvain. « On ne vend pas un coussin à 250 €. A Paris, on en trouve des coussins à 250 €. Nous, on vend une pièce de tapisserie. Tissée, pas imprimée ».
Les Ateliers d’Aubusson proposent du sur-mesure pour ses prestataires (décorateurs) et une collection disponible en magasin spécialisé ou sur Internet qui se décline sur trois lignes : Héritage, qui reprend l’imaginaire classique sur un mode contemporain, Intemporelle et Pop visant surtout les 25-35 ans.
La marque, pour ses fondateurs apparaît comme un complément de la cité de la tapisserie. Le commercial amène au culturel un public moins élitiste. « On n’a pas de client type, c’est génial. Il y a des gens qui connaissent, d’autre pas, et qui vont en parler, recréer une dynamique », souligne Sylvain qui prend le soin de former les vendeurs à l’histoire d’Aubusson.
« Pour nous, l’intérêt, c’est aussi Aubusson, la redynamisation du tissu local », explique-t-il marqué, à son retour du Brésil, par une braderie du 15 qui n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était quand il était gamin. Et il n’en démord pas, il veut faire parler d’Aubusson, y faire venir des gens et, à terme, créer des emplois.
Pour l’heure, Sylvain et Guillaume essaient de venir une fois par semaine sur Aubusson. « Grâce à l’incubateur, on a les locaux, l’accompagnement. Ça permet d’avoir une adresse et de s’ancrer dans le territoire », souligne le fondateur des Ateliers d’Aubusson.
(1) Un échantillon fait-main est six fois plus cher et trois fois plus long à produire. Ceci dit, cette innovation ne les empêche pas de proposer aussi un travail traditionnel à la demande.
(2) Une nouvelle verdure où des yeux en fils phosphorescents viennent remplacer les yeux en fils de soie originaux.
Article Le Populaire du Centre : http://www.lepopulaire.fr/limousin/actualite/departement/creuse/2016/05/30/les-ateliers-daubusson-misent-sur-le-numerique-pour-elargir-lhorizon-de-la-tapisserie_11944699.html
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