Une diplômée auvergnate reçue à l'Elysée
Stéphanie Dubot-Baudron dirige une scierie d’une cinquantaine d’employés, au cœur du Massif central, à Saint-Avit, à une heure de Clermont-Ferrand mais auprès de sa famille - Camille Mazoyer
A l’occasion de la Journée des droits des femmes, ce dimanche 8 mars, cent Françaises, dont cinq Auvergnates, sont invitées à échanger sur leur quotidien, leurs attentes, leurs difficultés et leurs espoirs, au palais de l’Elysée. La Puydômoise Stéphanie Dubot-Beaudron sera parmi elles, en digne représentante de l’entrepreunariat au féminin.
Un joli brin de femme au milieu d’une forêt de grumes. Stéphanie Dubot-Baudron dirige une scierie d’une cinquantaine d’employés, au cœur du Massif central, à Saint-Avit (Puy-de-Dôme).
Une heure de Clermont-Ferrand, une heure et demie de Guéret. Le port d’attache est loin de bien des centres d’intérêt de la ville. Pourtant, c’était un choix. Son choix : « À 16, 17 ans, j’avais déjà conscience de la responsabilité de ce vers quoi je me destinais. La scierie fait bien vivre une centaine de familles ici. Je n’avais pas envie d’être la génération qui claque tout?! »
Elle baigne dans ce milieu depuis toute petite : une entreprise familiale, SAS Dubot et fils, qui a su, depuis plus d’un siècle, s’adapter, évoluer, innover pour devenir un site de douze hectares, dont 15.000 m2 de bâtiments couverts. Son père et son grand-père sont encore présents. Son frère a davantage la responsabilité de la partie exploitation forestière.
« J’ai eu une enfance heureuse ici, dans une classe unique où tous nous avons su faire notre route. J’avais envie que mes enfants vivent la même chose. Et ma famille est là. » Quoi qu’on en dise, les contraintes d’une dirigeante de PME sont bien présentes. Stéphanie Dubot-Baudron en a conscience et a opté, à l’issue de l’École supérieure de commerce de Clermont-Ferrand, une année à l’étranger et un passage dans la grande distribution, pour un ancrage permettant de concilier vie professionnelle et vie personnelle.
« Ce n’est en rien une contrainte. C’est une décision que j’ai prise avec mon compagnon. J’aime cette vie, au cœur de ce territoire qui associe des valeurs de solidarité entre les habitants et la nature. »
« Les femmes doivent prendre le pouvoir »Pour autant, elle invite les femmes à s’engager sur ce terrain avec envie : « C’est une chance d’être née dans les années quatre-vingt et d’être une femme. Je le vois quand je me déplace à l’étranger. Je pense que les femmes en France n’en prennent pas entièrement la mesure. Il faut donner de la confiance aux femmes. Il ne faut pas qu’elles attendent qu’on leur donne le pouvoir. Vous savez qu’une femme a besoin de se sentir 100 % compétente avant de postuler à un poste de cadre et un homme, 70 %. Cela est révélateur de l’état d’esprit actuel et des différences dans lesquelles hommes et femmes s’inscrivent encore. »
Elle admet que pour l’heure, parmi le personnel qui intervient directement au contact du bois, il n’y a que des hommes. « Les femmes ne viennent pas à ces métiers-là et, pourtant, je les accueillerais volontiers, d’autant que désormais nous travaillons avec des machines automatisées qui ne demandent plus la force physique indispensable avant. Toutefois, il est vrai que sur nos territoires, si une femme trouve un emploi, ce n’est pas dit que le mari aussi. Ce qui, à mon avis, freine les vocations de ce type. »
Elle partageait le voyage direction Paris, hier, et l’Élysée, ce matin, avec quatre autres femmes de la région. Une expérience inédite qu’elles attendent non sans une certaine curiosité. Cinq Auvergnates parmi une centaine d’autres femmes accueillies par le président de la République François Hollande.
Geneviève Thivat
http://www.lamontagne.fr/auvergne/2015/03/08/stephanie-dubot-baudron-dirige-une-scierie-au-cur-du-massif-central_11355693.html
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