"Après la déconfiture France business school rien n’était simple mais l’ESC Clermont a su retrouver sa place dans les concours comme à la Conférence des grandes écoles. Sa directrice, Françoise Roudier, explique comment elle remonte peu à peu la pente.
Olivier Rollot : Le nombre de candidats issus de prépas qui se sont inscrits à votre concours a beaucoup augmenté cette année. Ça y est, l’ESC Clermont est de retour après les terribles années France business school ?
Françoise Roudier : Depuis 2014 nous avons entrepris de restaurer nos actifs en obtenant successivement le visa et le grade de master tout en faisant notre retour au sein de la BCE, des concours Passerelle et Atout+3 et de la Conférence des grandes écoles. En 2016 nous avons également renouvelé notre accréditation AACSB (Association to Advance Collegiate Schools of Business) pour la durée maximale de 5 ans. Il nous a fallu 2 années pour sécuriser le cadre et maintenant nous allons pouvoir avancer !
O. R : Qu’est-ce qui caractérise l’ESC Clermont ?
F. R : Nous avons toujours veillé à la qualité de notre formation, je crois vraiment qu’il existe une qualité « made in Clermont », avec une attention particulière aux étudiants dans l’accès au premier emploi. Si nous ne sommes pas sur le même segment de marché qu’HEC, nous avons une carte à jouer en créant de la valeur pour l’étudiant et le territoire. Nous cultivons au quotidien la proximité, l’accompagnement, un certain esprit de famille qui nous est cher. Et notre développement est aujourd’hui fait de coopérations, co-constructions, co-productions. Mais aussi un esprit de conquête qui nous a permis de ne pas nous laisser abattre sur l’autel de France Business School.
O. R : Revenons aux statistiques. Combien de candidats issus de prépas espérez-vous recevoir cette année ?
F. R : L’année dernière, nous avons fait notre retour au sein de la BCE en recevant 1400 candidatures seuls, hors d’une grappe d’écoles. C’était un chiffre encourageant même s’il doit être relativisé puisque près de la moitié des inscrits étaient des boursiers qui ne payaient aucun frais d’inscription. Nous avons finalement intégré 17 candidats quand nous en intégrions 81 en 2011 et encore 112 en 2012. Puis aucun avec le changement de modalités du concours et enfin un seul en 2015. Cette année nous ouvrons 60 places comme l’année dernière et nous serions satisfaits de ce millésime 2017 si nous avions à la rentrée entre 45 et 60 élèves de prépas.
S’y ajouteront 70 places dans le cadre du concours Passerelle 1 (post bac+2) et encore 100 de plus avec Passerelle 2 (post bac+3).
Notre objectif est de stabiliser les promotions à 250 sachant que nous avions un effectif de 320 nouveaux élèves en première année du programme Grande Ecole en 2012. Au global, nous visons une volumétrie comprise entre 1500 et 2000 élèves dans les deux-trois ans.
O. R : Comment allez-vous faire pour progresser auprès des élèves de prépas ?
F. R : Nous donnons une série de mini-conférences dans les CPGE sur l’actualité du monde et de l’entreprise. 40 cette année avec nos professeurs qui se déplacent. Les professeurs de prépas sont heureux car ils savent de par leur expérience et notre antériorité comme ESC que les élèves qui étudient chez nous sont prescripteurs de notre école. Je crois beaucoup à la grande école à taille humaine qui accompagne ses élèves, la preuve par la réussite de nos jeunes diplômés.
O. R : Vous allez maintenir les mêmes frais de scolarité ?
F. R : Avec 8250€ par an pour notre programme grande école, nous sommes parmi les écoles les plus accessibles financièrement et nous entendons conserver ce tarif attractif. La moitié de notre effectif suit son cursus en apprentissage et 16 à 18% sont boursiers. Par ailleurs, notre fondation nous permet de verser chaque année pour 85 000€ de bourses.
O. R : La chance de l’ESC Clermont, que n’ont pas les autres ex membres de FBS, c’est d’être appuyé par un fort écosystème local avec des entreprises comme Michelin ou Limagrain, l’un des leaders mondiaux des semences.
F. R : C’est vrai que nous bénéficions à Clermont d’un environnement académique et économique particulièrement favorable. Les entreprises se sont engagées à nos côtés. En effet Michelin, qui est un partenaire très actif, contribue notamment à notre jeune fondation. C’est aussi leur intérêt qu’il existe une belle école de management dans la région, pour attirer les meilleurs ingénieurs, cadres et chercheurs qui peuvent trouver à Clermont pour leurs enfants une offre complète d’enseignement supérieur.
O. R : Vous créez d’ailleurs un programme automobile avec l’école d’ingénieurs Sigma.
F. R : Beaucoup d’ingénieurs de l’automobile sont passés par Sigma Clermont, et nous avions de notre part monté une option marketing automobile il y a une dizaine d’années. Nous avons dans nos diplômés de nombreux cadres dans ce secteur, comme par exemple le patron de PSA en Chine. Avec Sigma nous créons aujourd’hui une spécialisation « Passion Automobile » qui a pour objectif de faire découvrir aux apprenants les spécificités de l’automobile dans ses dimensions commerciale, marketing et technologique, et d’appréhender le nouvel écosystème du secteur dans un contexte mondialisé. Co-construite avec les industriels du secteur automobile, elle s’adresse aux étudiants du programme master Grande Ecole ESC Clermont, aux élèves ingénieurs de SIGMA Clermont (dans le cadre d’un accord de double diplôme) mais aussi aux apprenants en formation continue. C’est une véritable alliance de compétences techniques et managériales.
O. R : Votre bachelor a toujours eu une excellente réputation. Où en est-il ?
F. R : Nous avons maintenu la qualité de ce bachelor créé en 2007 et qui offre à chaque élève la possibilité de partir à l’étranger obtenir un double diplôme.
Les étudiants qui suivent leur cursus en alternance peuvent rester en France. 95% de nos diplômés poursuivent ensuite leur cursus mais il existe aujourd’hui de nombreuses opportunités d’emploi dans des établissements financiers ou des entreprises comme Michelin. Les candidats viennent à 75% de la région et nous visons un recrutement national plus large grâce à une meilleure visibilité.
O. R : Parlons de votre organisation. Allez-vous devenir un établissement d’enseignement supérieur consulaire (EESC) ?
F. R : Nous sommes une association depuis 2015 avec une gouvernance dans la philosophie des EESC : une CCI majoritaire, des représentants des entreprises comme Michelin, Limagrain, les grandes banques… Egalement la ville de Clermont, propriétaire des locaux que nous occupons depuis 1919, avec un projet ambitieux d’agrandissement et de modernisation. A noter que la majorité des Ecoles qui ont changé de statut pour aller vers l’EESC ont bénéficié de l’apport immobilier (propriété des CCI). Dans notre situation particulière, nous n’excluons pas un passage en EESC en vue de capitaliser l’Ecole.
O. R : Dans ce contexte, avec cette organisation, l’école a recouvré sa santé financière ?
F. R : Aujourd’hui nous sommes dans notre plan de marche avec des promotions (Master) qui remontent peu à peu après le départ d’une grosse promotion 2012. Nous avons la chance de bénéficier d’un soutien constant de notre CCI qui nous a apporté deux subventions successives pour un montant total de 5,344 millions d’euros, prenant en compte le besoin financier pour faire redémarrer l’Ecole après la « débâcle » FBS, en particulier le retour dans les concours.
Cette contribution exceptionnelle nous permet de couvrir les exercices 2015-2017, sachant que notre CCI participe depuis toujours au budget de l’Ecole à hauteur de 1,6M€/ an. A moyen terme, c’est bien l’équilibre économique qui est visé, nous y travaillons. Dans nos prévisions, le budget de l’Ecole devrait passer de 12 M€ à 15 M€ en 2020-21."
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